Avez vous déjà reçu un e-mail de type chaine? Vous savez, ces mails qui vous racontent une histoire quelconque, vous promettant amour, gloire et beauté si vous faites suivre a X personnes au moins, ou au contraire chaos et désolations si vous vous contentez de vous en débarrasser? Ce concept, une fois lancé, acquiert presque une vie propre : les individus sont libres ou non de faire circuler le message, mais personne ne contrôle le développement de la bête. Ce système fonctionne un peu comme un virus : il se répand et plus c’est le cas, plus il a de possibilités de propagation. Voila pourquoi j’appellerais ceci un virus. Maintenant, pourquoi conceptuel? Parce qu’en fin de compte, le système n’existe pas “de lui même”, mais c’est ses victimes qui le font exister, contrairement au virus informatique, qui infecte des fichiers, ou au virus biologique, qui a une existence matérielle et infecte ses hôtes. Celui ci n’est rien de plus qu’un concept, qui a les méthodes d’un virus.

Le capitalisme dans son ensemble

Maintenant, songez à ce qu’est le capitalisme. Ou l’idée qu’on s’en fait : l’homme qui travaillera, et qui aura une bonne idée pourra devenir riche, aisé et vivre dans l’opulence. De belles promesses, qui flattent les rêves de chacun. On est donc tenté de faire ce qui nous est demandé, a savoir travailler, et trouver de bonnes idées. En pratique,la plus grande partie travaille beaucoup sans devenir aisée, et beaucoup de ceux qui ont de bonnes idées ne peuvent les exploiter faute de moyens, ou simplement parce que les idées qu’ils produisent appartiennent a leur employeur (un ingénieur dans une multinationale n’aura aucun droit sur le système révolutionnaire qu’il créera, système qui rapportera a l’entreprise!). Donc bien qu’on explique aux enfants qu’il faut bien travailler pour “réussir dans la vie”, on se rend compte que ça marche finalement assez peu souvent, eu égard de la quantité de personnes n’en tirant que très peu. Pourtant l’idée se propage, et partout ou elle passe, elle convertit les personnes qui entrent dans le système en prêcheurs auprès de ceux qui sont restés dehors. Ne serait-ce que par les biens de consommation acquis par quelques uns (voitures de sport, maisons de luxe, etc), on donne envie aux autres de suivre les canons du système. Celui ci trouve donc en ses hôtes un vecteur idéal de propagation. Précisément comme un virus.

L’entreprise

Maintenant réfléchissons a ce qu’est une entreprise. Est ce qu’une entreprise est constituée de ses employés? Non, puisque ceux ci travaillent pour elle. D’autre part, sans employés, l’entreprise va mal, mais elle reste une entreprise. Les employés étant remplaçables, ils ne sont pas l’entreprise.

Peut être que l’entreprise se caractérise par ses locaux alors? Pourtant, il existe des entreprises ne possédant pas de locaux! D’autre part, quel que soit la situation géographique des locaux, cela ne change pas grand chose pour l’entreprise : ses rouages continueront a fonctionner!

Dans ce cas, il reste les matériaux, les machines, les diverses possessions de l’entreprise… Mais encore une fois on se rend compte que celles ci ne la caractérisent pas, puisque les stocks sont écoulés, renouvelés, les machines changées, et même que certaines entreprises peuvent se passer de stocks, de machines ou de possessions matérielles.

L’entreprise n’est donc pas caractérisée par des objets ou des personnes matérielles. Même un patron est remplaçable. On est donc en face d’une entité abstraite qui n’a pas de réalité physique primordiale…

Toutefois, les entreprises appartiennent a des personnes, ou des groupes de personnes, qui tirent bénéfice de leur bon fonctionnement. Mais ces personnes, prises par les sirènes de la fortune, du luxe, et du confort de l’or, peuvent elles réellement contrôler leur entreprises? Si l’entreprise s’engage dans une ligne de conduite qui va a l’encontre de l’éthique des propriétaires/actionnaires, ceux ci changeront ils cette ligne au risque de perdre de l’argent, ou alors suivront ils le mouvement?

La plupart du temps, les actionnaires étant multiples, si l’un a mauvaise conscience, il n’aura toutefois pas la possibilité de s’opposer aux autres, qui suivront le mouvement…

Dans le cas ou l’actionnaire serait seul a décider, ou que tous s’accorderaient a refuser la ligne de conduite de l’entreprise, malgré tout, il se rendra compte que les entreprises concurrentes tendent a suivre cette voie, et que s’il ne s’y engage pas, il se fera distancer… Alors il se résignera très probablement… Ou décidera d’arrêter… en vendant son affaire a un autre, moins gêné par les questions d’éthique!

Envisageons même le cas rarissime ou les dirigeants décident de fermer l’entreprise à l’éthique douteuse. Puisqu’un marché existe, un concurrent reprendra le concept, ou alors une autre entreprise sera crée pour l’exploiter…

Ce qui me mène à penser qu’en fin de compte, les personnes qui “possèdent” l’entreprise sont en fait à compter au rang des possessions de celle ci… L’entité abstraite “entreprise”  soudoie la morale de ceux ci (via de gros salaires, des avantages en nature, des actions qui peuvent rapporter encore plus…) pour qu’ils acceptent de se plier a la “nécessite financière”. Et ceux qui ne sont pas d’accord sont remplacés par d’autres…

En fin de compte, on en vient à penser que non seulement l’entreprise n’est pas une entité physique sur laquelle nous pourrions avoir une prise, mais qu’en plus elle n’est réellement contrôlée par personne n’ayant une existence physique… Autrement dit, ce ne sont pas des humains qui la dirigent L’entité abstraite, une fois lancée, exploite donc les ressources à sa disposition pour se développer et se répandre.

Toutes ces entreprises évoluent dans un écosystème qui, a plus grande échelle, les maintient dans une “norme” et maintient à peu près la cohérence du système entier, mais celui ci n’est pas non plus “piloté”, puisque les hommes sont encore à ce niveau des ressources, mais jamais le gouvernail qui oriente le navire.

Le système “Capitalisme” fonctionne donc en exploitant ce qu’il possède, et en accaparant ce qu’il ne possède pas. Mais la caractéristique la plus frappante est le fait que cette entité est auto gérée : le fort mange le faible, le plus féroce domine le plus docile, manger plus permet de grandir davantage…

Le systeme se rapproche ainsi par son fonctionnement de celui de l’exemple d’introduction : un virus conceptuel. Maintenant, il reste à trouver l’antibiotique…

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